La République Démocratique du Congo (RDC) a pris part à la 3ème édition des Jeux Africains de la Jeunesse qui se sont déroulés à Alger, la capitale de l’Algérie du 18 au 28 juillet. La délégation congolaise a terminé à la 12ème position au classement général des nations avec 12 médailles soit 2 en or, 2 argent et 8 en bronze. La moisson aurait pu être abondante si certaines disciplines, comme le football, n’étaient pas arrivées en retard écopant des forfaits tout simplement.
Mais cependant, il s’est après posé un très sérieux souci concernant le rapatriement de la délégation à Kinshasa. En effet, depuis la fin des Jeux, 41 personnes, athlètes et encadreurs techniques venus du pays, sont restés bloqués à Alger dans des conditions très difficiles et à peine supportables. Après 12 jours de calvaire, 5 personnes dont 3 athlètes et 2 entraineurs, ont regagné le pays le jeudi 9 août et les autres vont suivre par après.
« Vous connaissez les conditions dans lesquelles nous avons fait voyager les athlètes. La première partie de la délégation est arrivée sur place parce que nous avons de bonnes relations avec les agences de voyage, les fonds destinés à cette mission n’étant pas encore décaissés. Nous avons réussi à trouver des places pour l’aller avec Royale Air Maroc (RMA) mais pour le retour, c’était difficile avec la saison haute. Mais les billets ne pouvaient pas être émis sans la date de retour parce que personne ne résidant en Algérie. Le directeur de l’agence nous a recommandé de mettre la date du 28 août. La compagnie cherchait déjà des places pour le retour mais il se fait qui a, en ce moment une grève à RMA, ce qui a posé tous ces problèmes », a expliqué Marcel-Amos Mbayo Kitenge, le président du Comité Olympique Congolais lors d’une conférence de presse organisée à Kinshasa.
De leur côté, bien qu’ils sont contents d’avoir touché à nouveau le sol de leur pays, il n’en demeure pas moins que les intéressés sont, bien évidemment, très touchés et affectés par les conditions dans lesquelles ils ont vécu à Alger.
« Les organisateurs nous avaient prévenus qu’après le 28 juillet, le restaurant sera fermé. Nous ne vivions qu’en prenant des boissons sucrées et des pains. C’était ainsi tous les jours. Mais ils nous ont quand même accordé un sursis par rapport au logement. Mais cependant, ils venaient nous interroger quand est-ce nous allions libérés le lieu. C’était tout le temps soit la police ou les services des renseignements. Cela commençait à devenir extrêmement gênant et nous avons appelé le président Mbayo pour lui tenir informé de la situation. On commençait à nous couper l’eau de 8 heures à 20 heures. Nous étions devenus comme nécessiteux », a déclaré Richard Lofalanga, l’entraineur national de Tennis.
Pour sa part, Alisson Mumbere, léopards de moins de 17 ans, est très inquiet de la situation psychologique de ses coéquipiers qui commencent à manifester des envies d’aller voir ailleurs.
« Les conditions de vie étaient difficiles. Nous n’arrivions même pas à manger deux fois dans la journée. Surtout pour nous les athlètes, nous ne faisions rien. Si nous ne dormions pas, nous étions débout. Les primes sont arrivées quand même. C’est encourageant mais elles peuvent être améliorées pour nous motiver davantage. J’ai laissé mes coéquipiers de l’autre côté. Ils sont vraiment abattus. Ils commencent à avoir des envies de changer de nationalité. Ce qui n’est pas bien ».
Au-delà de tout ceci, des questionnements importants méritent d’être posés au regard de tous ces éléments. Pourquoi participer à une compétition qui n’était pas budgétisée quand nous savons comment fonctionne la chaine des dépenses en RDC? Mais bien que n’ayant pas été budgétisée, les fonds ont été décaissés tout de même du trésor public. A combien s’élève cette somme ? Qui l’a géré ? A qui a-t-on remis la somme destinée pour l’achat des équipements ? Tant des questions qui trouveront peut-être des réponses un jour…souhaitons-le lors de l’évaluation de cette compétition.
Pour le président du COC, le problème ne s’est jamais posé au niveau du ministère des sports. Les membres du COC ont leur part de responsabilité.
« Je ne sais pas sur quel point on accuserait le ministre des sports. Au niveau du Comité Olympique, nous avons également notre part de responsabilité. Il faut savoir que ces jeux n’étaient pas budgétisés. Nous avons fait le forcing pour que les athlètes y prennent part. J’avais demandé à mon intérimaire et au secrétaire général de préparer l’ordre de mission des participants ainsi que les états des sommes qui seraient expédié au niveau du ministère parce que la plupart des athlètes n’avaient pas des passeports et étaient des mineurs. Il s’est posé un problème au niveau ministère. La liste transmise était signé par le secrétaire général et le ministre a refusé de la valider. Tout est parti de là mais nous nous sommes réunis pour harmoniser et l’ordre de mission a été signé par la suite », a-t-il dit lors de la même conférence de presse.
Nous pouvons le constater aisément maintenant avec ces propos que le Comité dirigeant du COC fait l’objet des dissensions internes à sujet de la gestion de cette 3ème édition des Jeux Africains de la Jeunesse. N’allons-nous pas vers une autre crise dans ce COC qui risque de l’ébranler à nouveau ? L’avenir nous dira certainement davantage.
Michel TOBO