Trois affiches au menu. Même score (1-0). Mazembe et Maniema Union ont fait l’essentiel. Céleste réussit son entame. De Lualaba, à Kinshasa, en passant par Bukavu. Mercredi 23 août, c’était la reprise du championnat national. Mais la vraie bataille serait en train de se livrer ailleurs, loin de l’aire de jeu.
Le bras de fer. Le Comité normalisation de la Fecofa et un groupe de dirigeants de clubs, réunis au sein de l’Association des dirigeants de clubs (Adfco), peinent à trouver un consensus sur le nouveau format du championnat. Le problème ? L’Adfco, déjà fissuré, veut d’un championnat avec 26 clubs en 2 ou 3 zones. En fait, il faut faire monter six clubs de la Ligue 2. Les montées ? Le Conor brandit le principe d’équité : s’il y a des montées, il doit y avoir des relégations. La dernière saison avait été déclarée blanche. Pourquoi faut-il faire monter les clubs à la première division ?
Pas de consensus
La RDC est un continent. La formule classique coûte cher aux clubs, peut-être trop chère. Sans compter les défis logistiques, la problématique de flux aérien… Le Conor a opté pour le format de deux zones. Vingt clubs sont repartis en 2 groupes de 10 clubs. Les quatre premiers sont qualifiés pour la phase de play off à l’issue de laquelle, le vainqueur du championnat doit être connu. Les clubs restants disputent le play off down, censé déterminer les clubs maintenus et relégués en division inférieure. Ce format veut réduire le coût, notamment pour les déplacements des équipes. Ce qui est censé permettre au championnat d’être aussi régulier, d’éviter les reports de matchs, mais aussi de permettre les clubs congolais engagés aux interclubs de la Confédération africaine de football (Caf) d’être en jambe (TP Mazembe, Vita Club, Lupopo).
Est-ce réaliste ? Sans doute. Surtout après deux saisons de fin de championnat au scénario répété. En queue de poisson. Jalouse de son indépendance, la Fecofa n’entend pas fléchir face aux clubs capricieux. Le format est là. La Linafoot a déjà publié le calendrier du championnat. La majorité de clubs ont payé leur frais de participation. Certains résistent encore. François Kabulo, l’influent ministre des Sports, a tenté d’assurer la médiation entre le Conor et l’Adfco. Dans ce dossier, sa médiation n’a pas débouché sur un consensus autour du nouveau format. Le Conor ne s’est pas présenté à la dernière réunion entre les différentes parties prenantes sur cette question, brillant par son absence au salon Bleu du stade des Martyrs le 10 août.
Stades fermés
Le ministre Kabulo, vieux routier du sport congolais, aurait, peut-être, mal perçu ce passage en force du Conor ? Depuis, il livre un bras de fer, à peine voilé, avec la Fecofa. Ce qui a poussé la FIFA à réagir et a menacé de sanctionner la RDC pour « des ingérences du gouvernement ». On a peut-être poussé le bouchon trop loin ? Pour l’instance internationale de football, la Fecofa est « le seul organe » reconnu à gérer le championnat national. La FIFA tient à son indépendance.
« La loi du plus fort est toujours la meilleure », selon une fable de la Fontaine : « Le loup et l’agneau ». A la veille du démarrage du championnat, le gouvernement a décidé d’interdire « toute activité sportive » dans les stades en réhabilitation. Il justifie sa décision par le souci de les mettre à niveau pour obtenir leur homologation. Les stades des Martyrs et Tata Raphaël, devant abriter les rencontres de la Linafoot, sont en train d’être réhabilités. Où va alors jouer l’AS Vita Club pour son match retour face à Premeiro do Agosto dans le cadre du tour préliminaire de la Ligue des Champions ? Cette question mérite d’être posée. Mais, c’est juste une parenthèse… A peine ouverte, rapidement fermée.
Menace de la FIFA
Le Conor reste de marbre. L’Adfco joue le trouble-fête ? Le ministre des Sports attaque et dit n’avoir reçu aucune note sur l’organisation du championnat, moins encore son règlement. La FIFA avertit et menace de sortir le rouge. Et le football dans tout ça ? Perdant ! Se mettre au tour d’une table reste une belle option. D’un côté, le responsable des stades (ministère des Sports). De l’autre, l’organisatrice du championnat national (Fecofa). La réalité congolaise veut que les deux travaillent en synergie, tout en respectant l’indépendance de la Fecofa. Pas d’aller dans le sens de la confrontation. En tant qu’un ancien journaliste sportif, François Kabulo, aujourd’hui ministre des Sports, reste l’homme le plus averti.
Tel un train qui vient de quitter la gare, dans un contexte peu serein, le championnat va-t-il connaître, cette saison, un dénouement normal ? On croise les doigts…
Trésor Mutombo, journaliste et analyste sportif