C’est parti pour un long marathon de ce que nous pouvons qualifier maintenant de l’affaire «IGF/Fécofa/Ministère des sports» qui aura certainement des conséquences graves pour les acteurs et qui, nous espérons, donnera une vraie leçon morale pour la conduite des affaires dans le mouvement sportif dans les années à venir.
En effet, dans un échange des correspondances, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a demandé à la Fédération Congolaise de Football Association (Fécofa) de justifier deux sommes virées dans son compte. Une somme de 350.000 dollars pour l’organisation du Tournoi International de Football du Congo (Tifoco) et 480.000 euros pour l’acquisition d’un écran géant et d’un générateur pour le stade des Martyrs. Dans sa réponse, la Fécofa reconnaît que ces sommes se trouvent bien dans son compte mais qu’il n’y aucun soubassement pour leur décaissement. En d’autres termes, elle ne reconnaît pas à avoir expréssement fait la demande pour obtenir de ces sommes.
Qu’est-ce qu’il faut dire pour donner plus d’éclaircissements? Concernant la somme de 350.000 dollars, une facture a été émise par la Fondation pour le Développement du Football Africain (FDFA), partenaire de la Fécofa pour l’organisation de ce tournoi et adressée au Ministère des sports qui demande le virement de cette somme dans le compte de la Fécofa. Mais curieusement sur la même facture, qui est signée par le secrétaire général de cette fondation, cette dernière utilise l’adresse physique de la Fécofa. La question qui se pose à cette étape, c’est de savoir comment la Fécofa, qui ne reconnaît pas avoir fait une demande de cette somme, permet à ce que son adresse physique soit utilisée sur une facture officielle d’une organisation étrangère? Sur base cette question, plusieurs autres peuvent en découler. Pourquoi la Fécofa, si elle ne reconnaît pas à avoir fait la demande de cette somme, n’a pas averti le ministère des sports pour demander qu’est-ce qu’il en était exactement? Et au-delà, la même Fécofa avait déjà confectionné les invitations pour les cinq sélections nationales africaines A’ qui devaient prendre part à ce tournoi. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Congo/Brazzaville, du Ghana, du Nigéria et de la Sierra Leone. Une autre question qui peut se poser c’est celle de savoir pourquoi si la Fécofa n’avait pas fait cette demande, comment elle a émis des invitations pour ces sélections en prenant soin de confirmer que les frais de prise en charge sont déjà assurés par l’organisation?
Concernant la somme de 480.000 euros, qui doit servir à l’acquisition de l’écran géant du stade des Martyrs, nous pouvons également nous poser des questions. Pourquoi ce virement a été effectué alors que depuis le début des travaux de réhabilitation, c’est le ministère des sports qui gère tout? Pourquoi c’est seulement à l’achat de l’écran de l’écran géant que cette somme doit arriver par le compte de la Fécofa alors que plusieurs matériels, notamment la nouvelle pelouse synthétique, les sièges…, n’ont pas fait le même mouvement?
Comme nous pouvions l’imaginer, c’est la gue-guerre entre l’IGF et le Ministère des sports, par communiqués interposés, qui se livrent maintenant sur la scène publique. L’IGF a clairement visé le ministère des sports d’avoir tenté de détourner ces sommes et va poursuivre son enquête pour établir les responsabilités. De son côté, le ministère, sans pour autant donné des preuves concrètes qui feraient qu’il soit dédouané, s’est contenté pour le moment à sermonner l’IGF en lui demandant s’abstenir de tout propos discourtois et d’éviter se mettre en vedette.
Ce qui est certain, c’est au ministère des sports d’apporter les éléments des preuves qui justifient la demande de virement de ces sommes dans le compte de la Fécofa. Comme le renseigne la mise au point du conseiller juridique du ministère, il faudra prouver que la contribution du gouvernement à ce tournoi est légale. Sans cette précision, il est clair que l’IGF aura de la matière pour traduire les responsables en justice.
Cette affaire ne fait que commencer et les ramifications sont partout tant dans la sphère sportive nationale au regard de quelques échéances qui arrivent dans les prochaines semaines notamment à la Fécofa et Comité Olympique Congolais (COC) avec les élections qui sont en vue mais également dans l’arène politique où beaucoup d’enjeux sont à préserver.
Michel TOBO